Le chat messager de Montmartre

Description

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**« Le messager aux yeux d’or »**

Mistigri était un chat de gouttière aux pattes blanches et au pelage noir comme l’encre. Il errait depuis des lunes dans les ruelles de Montmartre, fuyant les gamins qui lui lançaient des cailloux. Un matin d’automne, il trouva refuge sous le banc d’une vieille dame qui nourrissait les pigeons.
— « Toi, tu as l’air d’un prince déguisé en vagabond », murmura-t-elle en lui tendant un morceau de sa brioche.
Le chat fixa ses yeux dorés – l’un ambre, l’autre vert – dans les siens. Il miaula, un son rauque et doux à la fois.

La dame, Édith, vivait seule dans un appartement rempli de livres poussiéreux. Elle laissa la fenêtre entrouverte. Mistigri entra le surlendemain, traînant une patte blessée.
— « Tu as choisi ton hôpital, petit filou », soupira-t-elle en pansant sa plaie avec un mouchoir trempé de thé.
Les jours passèrent. Le chat guérit, mais resta. La nuit, il chassait les souris imaginaires entre les piles de romans. Le jour, il dormait en rond sur le piano désaccordé, bercé par les valses que fredonnait Édith.

Un soir de décembre, Mistigri déposa sur l’oreiller de la vieille dame une feuille d’érable rouge, trouvée on ne sait où.
— « Un billet doux d’automne ? » rit-elle, les yeux humides.
Depuis, chaque matin apportait son cadeau : un bouton de cuivre, une plume bleue, un pétale de magnolia…

Quand Édith s’éteignit doucement un printemps, les voisins trouvèrent le logement vide. Seul Mistigri veillait sur le piano, un œillet blanc entre les dents.
On raconte qu’il erre encore, portant des secrets en guise de collier, cherchant une main ridée à qui offrir ses trésors éphémères.

*Fin.*