La maison des ombres

Description

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La vieille maison m’a toujours intriguée. Depuis que je suis petite, on racontait des histoires étranges à son sujet : des bruits de pas, des fenêtres qui se fermaient toutes seules, et ces disparitions inexpliquées. Tout le monde dans le village évitait de s’en approcher, mais moi, j’étais différente. Curieuse. Audacieuse, peut-être un peu trop.

Un soir d’automne, armée de mon appareil photo et d’un carnet, je décidai de percer le mystère. Le ciel était noir, couvert de nuages menaçants, et l’air était glacial. À mesure que je m’approchais de la maison, un frisson glacé me parcourut. J’ai arrêté mes pas, mais seulement un instant. L’envie de découvrir ce qui se cachait derrière ces murs dévastés était plus forte que ma peur.

La porte en bois, usée par les années, céda sous ma poussée, et un grincement sinistre se fit entendre. À l’intérieur, l’air était lourd, saturé de moisissure, comme si la maison avait été oubliée depuis des siècles. Chaque pas que je faisais sur le plancher pourri résonnait, me rappelant que j’étais seule. Enfin, presque seule.

Je marchai à travers les pièces sombres, mon cœur battant plus fort à chaque coin d’ombre que je franchissais. Puis, je suis arrivée dans une pièce qui semblait être la plus ancienne. Un vieux miroir trônait au centre, entouré de toiles d’araignées. Je me suis approchée, fascinée. Je voulais voir quelque chose, n’importe quoi. Peut-être un reflet du passé.

Et c’est là que je l’ai vue.

D'abord floue, une silhouette s'est dessinée derrière moi dans le miroir. J’ai sursauté et me suis retournée. Rien. Juste le vide. Le miroir, lui, semblait toujours aussi limpide, presque trop clair. Je me suis avancée, mes mains tremblant alors que je fixais la surface. Un éclair de lumière verte traversa le miroir, et la silhouette prit forme. Elle était pâle, presque translucide, avec des yeux vides, ancrés dans les miens. C’était comme si elle m'observait depuis toujours.

Une voix résonna dans ma tête, glacée et lointaine : « Tu as ouvert la porte. »

Je voulais crier, mais aucun son ne sortit de ma bouche. La silhouette se rapprocha lentement, ses traits se précisant de plus en plus. À cet instant, la terreur me paralysa. Je ne pouvais plus bouger, plus respirer, ni même penser. Le miroir devint sombre, comme une mer noire engloutissant tout. Et avant que je ne puisse comprendre ce qui se passait, l’obscurité m’engloutit.

Quand je me suis réveillée, j’étais de nouveau dans la pièce. Le carnet était posé devant moi, tout comme l’appareil photo, mais quelque chose n’allait pas. Les murs semblaient se refermer sur moi, comme si la maison elle-même m'avait emprisonnée. Pourtant, je savais que j'étais seule. Ou peut-être pas.

Je ne sais pas ce qui m’est arrivé ensuite. Tout est devenu flou. Mais aujourd’hui, chaque fois que je passe devant la maison, je sens un froid intense, et des murmures dans l’air. La maison ne m'a pas laissée partir. Elle garde une partie de moi, quelque part dans ses ombres.