Révisionnisme historique : la vérité sur l'Algérie

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Ce révisionnisme historique de l'identité nationale et de la mémoire culturelle de l'Algérie, consistant à assimiler la conquête coloniale française de l'Algérie au dix neuvième siècle, sous le maréchal Thomas Robert Bugeaud, et l'expansion musulmane menée par Sidi Okba Ibnou Nafi au septième siècle, est non seulement historiquement faux, mais surtout humainement et moralement intenable. C’est tout bonnement le pendant de la thèse négationniste de l’autre côté de la méditerranée.

Monsieur Saïd Saadi, chantre de cette distorsion révisionniste de l'histoire, qui met sur un pied d’égalité ces deux figures historiques, séparées par mille ans et animées par des motivations foncièrement dissemblables, est d’autant plus perfide qu’il connait pertinemment leurs contextes historiques distincts, la nature de leurs actions et les conséquences durables de leurs campagnes militaires respectives, dont l’une dirigée contre la population algérienne, l’autre se dressant contre Byzance.

Les stratégies des militaires français étaient enracinées dans une croyance en leur supériorité raciale, elles se caractérisaient par d’implacables massacres des populations civiles, par la destruction systématique du tissu social et économique du pays, elles n'étaient pas simplement un sous-produit de la guerre, mais relevaient d’un projet colonial plus large, reposant sur une doctrine visant à effacer l'identité des Algériens, à annihiler leur culture, à les soumettre, et enfin à les exploiter.

L'arrivée de l'islam en Afrique du nord au septième siècle menée par des figures comme Sidi Okba a marqué une période de profonde transformation, contrairement à la conquête française des siècles plus tard, l'expansion islamique n'était pas motivée par un désir d'agrandissement territorial, d’asservissement ou d'exploitation économique. Au lieu de cela, elle était motivée par une combinaison de visée religieuse, d'ambition politique, et surtout de l'attrait d'un nouvel ordre mondial.

Les campagnes de Sidi Okba étaient caractérisées par la diplomatie, des alliances avec des tribus locales et un respect des structures sociales existantes. La propagation de l'islam ne s'est pas imposée par l'épée, elle a été facilitée par son message d'égalité, de justice et de libération des systèmes oppressifs. Elle a aussi favorisé un sentiment d'unité et d'identité partagée parmi les diverses populations. L'introduction de la culture arabo-musulmane a enrichi le paysage intellectuel et culturel.

En assimilant le colonialisme français génocidaire à la conquête musulmane qui fut une période d'échanges culturels et religieux, Saïd Saadi légitime le récit colonial qui cherchait à dépeindre la présence française en Algérie comme mission civilisatrice. Cela sape les griefs légitimes du peuple algérien et banalise les immenses souffrances qui lui ont été infligées pendant 130 ans de colonisation, et conforte le racisme kabyle anti arabo-musulman soutenu par la droite française.