La sagesse du fou

Description

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Dans un village lointain, où les coqs chantent l’aube comme une prière, un homme d’une grande richesse rendit son dernier souffle.
Il laissa derrière lui un empire de pierre et de métal — des maisons aux toits brillants, des voitures rutilantes, plusieurs femmes au regard éteint, et des enfants que le temps n’avait pas encore façonnés.

Le jour de son enterrement, le soleil lui-même semblait hésiter à se lever.
Tout le village était là, vêtu de silence et de larmes, pour dire adieu à celui qui possédait tout, sauf l’éternité.
Le cercueil trônait au milieu de la cour, comme un roi déchu.
Et quand vint le moment ultime, le sage du village, vieil arbre courbé par les saisons, prit la parole.

« Que celui qui a quelque chose à dire, le dise maintenant, avant que la terre ne ferme sa bouche sur ce destin. »
Le silence pesa, lourd comme un secret. Nul ne bougea, nul ne parla.

Soudain, du fond de la foule, une voix éraillée fendit l'air.
C'était le fou du village — celui qu’on raille, mais que les enfants écoutent en cachette.
Il s’avança, les yeux remplis d’une étrange lumière.

« Moi, j’ai quelque chose à dire ! » lança-t-il, défiant les regards.

Puis, pointant le trou creusé dans la terre, il demanda d’une voix grave :

« Dites-moi… ce trou n’est-il pas trop petit pour toutes ses maisons ? Trop étroit pour ses voitures ? Trop serré pour ses femmes, ses titres et ses fortunes ? »

Le silence se fit plus froid que la tombe.
Le sage, gêné, fit signe qu’on le chasse,
et le fou, bousculé, s’éloigna en riant doucement, comme s’il avait compris quelque chose que les autres ignoraient.

Mais certains, cette nuit-là, ne trouvèrent pas le sommeil.
Ils repensaient aux paroles du fou,
à ce trou si petit,
et à cette vie si pleine,
qui, en fin de compte, ne tint que dans un cercueil de bois.

Morale :
Nul ne possède la terre, car la terre finit toujours par nous posséder.
Les richesses que l’on garde pour soi deviennent poussière,
mais les paroles justes — même dites par un fou — résonnent plus loin que la tombe.
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