Le murmure du manoir des Dubois

Description

Script Vidéo

Le vieux manoir des Dubois se dressait à l'orée de la forêt comme une verrue sombre sur un paysage verdoyant. Des rumeurs couraient depuis des générations : des disparitions inexpliquées, des chuchotements dans le vent, et surtout, l'absence totale du moindre son émanant de ses murs. Pas un oiseau, pas un insecte, pas même le crissement des feuilles mortes sous le vent n'osait briser le silence mortel qui l'enveloppait.

Intrigué par ces récits, un jeune explorateur urbain du nom de Léo décida de braver l'interdit. Équipé de sa caméra et d'un courage qu'il espérait plus grand que sa peur, il franchit le portail rouillé. L'air devint instantanément plus froid, une chape de silence oppressante s'abattit sur lui. Chaque pas sur le gravier semblait un coup de tonnerre dans cette absence de bruit.

À l'intérieur, la poussière dansait dans les rares rais de lumière filtrant à travers les fenêtres crasseuses. Léo filmait, son souffle coupé par l'atmosphère étrange. Les meubles étaient recouverts de draps blancs, fantomatiques. Il s'aventura plus loin, montant un escalier grinçant sous son poids, le seul son audible dans ce mausolée.

Au premier étage, il trouva une chambre d'enfant. Un cheval à bascule immobile, des poupées aux yeux fixes posées sur un lit défait. Soudain, un léger murmure parvint à ses oreilles. Un son si ténu qu'il crut d'abord à son imagination. Il tendit l'oreille, retenant sa respiration. Le murmure se fit plus distinct, une voix d'enfant, monocorde, répétant inlassablement une phrase incompréhensible.

La peur froide lui serra la poitrine. Il recula lentement, sa caméra tremblant dans ses mains. Le murmure devint un chuchotement, puis un murmure plus fort, empli d'une tristesse infinie. Léo sentit des picotements dans sa nuque, l'impression d'être observé par d'innombrables yeux invisibles.

Il voulut crier, mais sa voix resta bloquée dans sa gorge. Le chuchotement se transforma en un sanglot étouffé, déchirant le silence d'une manière plus terrifiante que n'importe quel cri. Léo se retourna brusquement, et dans l'embrasure de la porte, il aperçut une silhouette floue, comme une ombre en mouvement.

Il s'enfuit, dévalant les escaliers quatre à quatre, le sang glacé dans ses veines. Derrière lui, le sanglot de l'enfant se fit plus fort, le poursuivant jusque dans la cour. Il ne s'arrêta de courir que lorsqu'il fut loin, très loin du manoir, le silence hurlant de l'endroit gravé à jamais dans sa mémoire.

De retour chez lui, en visionnant ses images, il remarqua quelque chose d'étrange. Sur l'enregistrement de la chambre d'enfant, au moment du sanglot, on pouvait entendre brièvement une autre voix, une voix rauque et ancienne, répondant à l'enfant dans une langue inconnue. Et puis, le silence retombait, plus lourd et plus définitif qu'avant.