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Liens d'amitié et de solidarité
Description
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"Frères de cœur"
Il y a des amitiés qui naissent lentement, à la manière d’un feu qu’on attise avec patience. Celle de Malick et Pierre était de celles-là. Une rencontre banale, un hasard devenu destin : ils s’étaient croisés dans une association de quartier à Lyon, un soir d’hiver, autour d’un atelier de cuisine solidaire. Pierre, la cinquantaine tranquille, un peu réservé. Malick, quadragénaire d’origine sénégalaise, débordant d’énergie et de bienveillance.
Ils n’étaient pas faits pour se ressembler, mais pour s’entendre.
Très vite, ils devinrent inséparables. On les voyait souvent marcher ensemble dans les rues du quartier, parler de tout – du foot à la poésie soufie, des plats sénégalais aux souvenirs d’enfance. Ils riaient beaucoup, s’invitaient l’un chez l’autre, partageaient les fêtes, les galères, les petites victoires du quotidien. Pierre apprit même quelques mots de wolof, et Malick s’enticha du fromage au lait cru.
« On n’a pas grandi ensemble, mais je te connais comme un frère », lui disait souvent Pierre.Puis, un jour, le silence.
Malick ne venait plus aux rendez-vous. Son téléphone restait éteint. Inquiet, Pierre finit par se rendre chez lui. La voisine lui parla d’une ambulance, d’un malaise. Hôpital Édouard-Herriot, service oncologie.
Pierre s’y précipita, le cœur serré.
Malick était là, allongé, amaigri, une perfusion au bras. Il ouvrit les yeux faiblement quand Pierre entra. Un sourire, faible mais sincère, se dessina sur ses lèvres.
— Mon frère… t’es venu.
— Évidemment que je suis venu, espèce de têtu. Tu crois que je t’abandonne ?
Ils se prirent la main. Aucune autre parole ne fut nécessaire. Leur lien parlait pour eux.Les semaines passèrent. Pierre venait tous les jours. Il apportait du bissap, qu’il avait appris à faire lui-même, et lisait à voix haute des extraits de romans africains que Malick aimait. Ils écoutaient de la musique, parlaient du passé. Du Sénégal, de la chaleur, des baobabs géants, de la mer à Dakar.
Malick lui raconta, un jour, d'une voix brisée, tout ce qu’il n’avait jamais dit à personne :
Comment il avait quitté son pays jeune, en laissant derrière lui sa mère, ses sœurs, son fils. Comment il avait dormi dehors, travaillé comme manœuvre, caché sa douleur sous des sourires pour ne pas inquiéter les siens au pays. Comment il s’était senti invisible, souvent. Mais que Pierre lui avait redonné une voix.
Pierre pleura, discrètement.
— Tu m’as offert plus que tu ne crois, Malick. Ta force, ton humour, ta façon d’aimer les gens… Tu m’as appris la vraie solidarité.
Quand la fin approcha, Malick le savait. Il prit la main de Pierre, une dernière fois.
— Tu continueras à rire, hein ? Tu continueras à raconter mes histoires ? À aider les autres ?
Pierre hocha la tête, incapable de parler. Une larme glissa, silencieuse.
— T’es pas mon ami… t’es mon frère.